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75^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

méridionale qui fuit... Et partout il retrouve la marque de noblesse, posée ici sur toutes choses et qui domine son plaisir. Sur les façades les plus lourdement incrustées ! sur les pires églises à la Bernin ! même — l'avouera-t-il ? — sur ces pâtés de bâtisses modernes, coupés de voies impitoyables et de trolleys, où la grandeur latine s'impose à sa mémoire, par d'énormes arcs de triomphe mafflus !

Il l'avouera. Car il apporte ici avec tout l'amour dont il est capable, toute la bonne foi de son jugement. Son nationalisme du nord n'a pas le caractère d'une passion aveugle. Qu'il se sent homme en face d'autres hommes et peu étroite- ment français !

A la halte de Rapollo, les beaux vieillards por- tant moustache ! et la moustache même ne par- vient pas à les banaliser... — Il analyse le teint de fruit de quelque grand jeune muletier, dont les cheveux miroitent comme un casque : doré, pareil à un chasselas mûr ; mais sous le hâle d'Italie, la poussée rouge du sang est si vive, qu'elle traverse l'or des joues d'une victorieuse fraîcheur...

Non, le lien n'est pas rompu. Sans cesse il rapproche et compare. Il refait un pas en arrière, il jette par dessus l'épaule un regard. Entre les visages de son pays et le moindre trait de ceux-ci, entre ses paysages de chaque jour et la moindre

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