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838 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

fouille les croupes. L'orgueil me rend hilare et fait monter à mes lèvres le crachat dont s'embelliraient les têtes haut dressées. La colère...

Mais il s'agit, bien entendu, des vices et des péchés d'autrui, car les miens ne sont pas pour me déplaire.

�� ��Un provincial qui me croit de ses amis, vint me cher- cher l'autre matin. Il devait passer la journée à Paris et me signifia, dès le bonjour, que je l'accompagnerais dans toutes ses courses. Il m'aime et me paye de bons repas auxquels je suis sensible.

Alors, entre un déjeuner plantureux, chargé de vins, et le dîner aux mets délicatement choisis, nous avons couru les lieux d'affaires, depuis le péristyle de la Bourse jusqu'aux cafés les mieux hantés. Et comme on ne se méfie pas de moi, j'ai observé les gens qui débattaient leurs marchés, l'injure au bout de la langue et la courtoi- sie en paravent. Ils rusent, ils finassent, tournent la truie au foin, biaisent, enjôlent, dissimulent, feignent, fourbent, leurrent, jouent serré, font flèche de tout bois, tendent des pièges et trigaudent, affinent, beffent, dupent, connil- lent, pipent, entortillent, dorent la pilule, engeignent, mais leurs malices sont cousues de fil blanc. Dans les yeux d'un chacun, dans les yeux du courtier, du banquier à la tour- nure je ne sais pourquoi militaire, dans ceux de mon bien cher ami je vois luire la même flamme jaune qui s'alimente à de basses convoitises.

Le soir, comme le souvenir des trafiquants me poursuit, je me tourne vers la glace. Et sur la pâleur dont l'orgie

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