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JULIETTE LA JOLIE 89

chées et cassaient maintenant comme du fagot. Elles n'étaient un obstacle ni pour les chasseurs ni pour les braconniers, mais pour des femmes qui portent bottines fines et jupe délicate elles étaient gênantes. Juliette con- naissait les foineaux, mais elle n'avait jamais eu l'habitude de courir par les prés, par les bois. Juliette était une demoiselle de la ville, non une paysanne. Marcelle n'aurait pas su distinguer un bouleau d'un hêtre. Ponceau non plus. Mais il avait fait autrefois de la gymnastique. Sur deux pieux il s'appuya des deux mains, puis il s'enleva pour tomber dans le bois. Il retrouva sa faconde. Il riait de l'autre côté de la clôture, parmi les orties qui lui mon- taient jusqu'au genou.

— Allons mesdames, dit-il, un peu de courage ! Et prenez garde à vos mollets que les orties guettent.

Puisque Ponceau riait Marcelle retrouva sa gaieté. Elle voulut passer la première, après lui avoir tendu son ombrelle. Puis ce fut le tour de Juliette. Il la prit par les deux mains. Il sentit qu'elles étaient brûlantes. Elle se laissa presque tomber sur lui, poitrine contre poitrine. Il était haletant.

Ils s'assirent un peu plus loin près d'une source riche en cresson. A leur gauche, par une éclaircie dans le feuil- lage, ils apercevaient encore Bernard. C'était un brave homme que Marcelle se plaisait à taquiner. Quand il la voyait, il devenait " tout chose ". Sa femme n'était pas laide : mais quelle différence avec cette Parisienne de Marcelle !

— Si on allait lui faire peur ? dit-elle.

Ils s'approcheraient à pas de loup en suivant le plus possible la clôture, en évitant de faire craquer le bois mort.

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