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les conquêtes du commandant belormeau

Son uniforme ressortait, avec vigueur, sur la verdure persistante des massifs ; le plumet de son colback se balançait harmonieusement dans les airs et le gland soyeux de sa flamme lui effleurait l’oreille avec la plus coquette allure.

La vieille demoiselle dut reconnaître que sa servante n’avait pas amplifié la vérité ; que ce commandant n’était pas un homme ordinaire et elle ressentit un secret orgueil à être sa propriétaire.

Mlle Herminie revint sans encombre à sa bergère, intimement flattée d’avoir mené à bien une pareille entreprise ; quand Benoîte monta pour la servir elle ne lui dit rien de son équipée, trouvant en somme, qu’un petit secret met un peu d’attrait dans la vie.

Un secret ! Benoîte avait le sien et plus gros que celui de sa maîtresse.

Elle ne savait pas comment cela s’était fait ? C’était venu, tout doucement, sans qu’elle s’en doutât mais enfin, c’était fait ! Elle s’était prise d’affection pour Quellec et le petit soldat occupait un coin de son vieux cœur, un coin sans emploi et le meilleur ; le coin maternel.

Il eût fallu que ce cœur fut de pierre pour ne pas s’être laissé toucher.

Dès le lendemain de son installation au pavillon ce garçon ne s’était-il pas imaginé de lui tirer son eau, de lui porter son bois, de lui rendre tous les services imaginables et avec quel gentil sourire…

— Laissez donc, mademoiselle Benoîte, disait-il quand elle se fâchait, je crois le faire pour la mère.

Puis, ce garçon-là, avait une conduite exemplaire ; il n’allait jamais au cabaret ; il faisait la chambre de son commandant ; rangeait minutieusement ses effets, puis il venait se chauffer dans la cuisine de Benoîte et lui parler de son pays.

Voici qu’un soir, elle l’avait entendu tousser, mais