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les conquêtes du commandant belormeau

S’il en était ainsi, fit Mme Michel, alarmée, nous aurions été bien peu prudents.

— C’est mon avis ; il y a des choses auxquelles les parents ne pensent que trop tard.

— Que faut-il faire ?

— Interroger Valentine ; lui faire comprendre que nous avons le devoir de connaître la vérité.

— Elle est bien fermée, parfois… Je ne voudrais pas la heurter, tandis qu’elle est malade.

— Si tu chargeais Minna de cette mission ?…

— Il est certain qu’elle a plus de chance de réussite que moi ; l’idée est bonne.

— Ne tarde pas à la mettre à exécution.

— Dès demain, je dirai à notre nièce ce que nous attendons d’elle.

Minna se chargea bien volontiers de provoquer les confidences de sa cousine. Depuis que celle-ci était malade, elle venait, chaque après-midi, travailler près de son lit ou de son fauteuil ; mais, en dépit de l’intimité renaissante, les jeunes filles n’avaient encore abordé, ni l’une ni l’autre, le sujet qui les occupait le plus.

Ce jour-là, Minna ne déplia pas son ouvrage, mais elle retint, entre les siennes, les mains brûlantes de Valentine.

— Autrefois, dit-elle, en cherchant ses yeux, tu n’avais pas de secrets pour moi, pas plus que je n’en avais pour toi et nous trouvions cela très doux… Ai-je donc perdu ta confiance ?… Tu souffres et ne me dis rien. Valentine, surprise par cette brusque entrée en matière, demeura un instant déconcertée ; mais il est bien difficile aux jeunes de porter solitairement leur fardeau ; son cœur était mûr pour les confidences ; il s’ouvrit tout entier.

Avec une grande sincérité, elle raconta à Minna comment la venue du commandant Belormeau lui