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les conquêtes du commandant belormeau

triste, mais demeurait calme, n’ayant fait que subir un sort injuste ; Pierre, au contraire, était dans un état de nervosité extrême. Le jeune homme en s’enfonçant dans la voie mauvaise du doute et de l’inconstance, en refusant, témérairement, de donner suite à son projet d’alliance avec Minna, avait cru que cette crise durerait quelques jours.

Jamais un détachement militaire n’avait séjourné plus de trois semaines à Wattignies ; il en serait de même pour celui du commandant Belormeau.

Pierre s’était trompé dans ses prévisions ; les mois s’ajoutèrent aux mois ; les batteries d’artillerie étaient toujours là et le jeune homme qui, à cette pensée, perdait un peu la tête, comprit qu’il allait, peut-être, s’aliéner irrémédiablement, le cœur de Minna.

Il roulait les idées les plus sombres, formait les projets les plus insensés pour se débarrasser du commandant Belormeau, qu’il persistait à considérer comme l’obstacle à son bonheur. Tantôt il songeait à le provoquer en duel ; tantôt il voulait obtenir, du maire de Wattignies, le déplacement du détachement d’artillerie. Il chercha même le moyen de s’adresser au général du régiment… sans parler d’autres combinaisons encore plus fantaisistes.

Quant à revenir sur son serment, à faire sa soumission, tant que cet intolérable commandant serait à Wattignies, reçu en ami chez François Stenneverck et faisant la cour à sa fille, avec une si tranquille désinvolture, Pierre, ne l’admettait pas !

Pourtant le printemps revenait, déjà joyeux ; l’herbe des talus verdissait ; les bourgeons poudraient d’or les ramilles brunes et, dans l’air, passaient des souffles tièdes qui sentaient la terre moite et les violettes.

Pierre, ce jour-là, était venu chez son cousin qu’il