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les conquêtes du commandant belormeau

ajouta-t-elle, avec un effort de gaîté. Maman et moi, nous vous laissons la place.

Le vieillard reprit son fauteuil ; Pierre s’assit à ses côtés, et, très ému, regarda les flammes.

— Qu’est-ce que tu veux ? répéta grand-père.

— Maître Stenneverck, vous le savez bien ?

— Oh ! pour cela, non, mon garçon ! Il faudrait être plus habile que je ne le suis, pour savoir ce que tu veux ou ce que tu ne veux pas !

— Maître Stenneverck, j’ai bien mérité que vous me parliez durement ; mais vous ne serez pas sans miséricorde ?…

— Je te le répète : qu’est-ce que tu veux ?

— Je veux… je veux Minna.

— Il me semblait que tu l’avais refusée ?

— J’étais fou, maître Stenneverck ! Le commandant Belormeau m’avait fait perdre la tête !

— Il ne fallait pas qu’elle fût bien solide… Mon garçon, cela a duré un peu trop longtemps, tu sais ?…

— Mais, aujourd’hui, je me repens… et j’espère, j’espère malgré tout, que Minna se laissera toucher par mon repentir.

— Je ne suis pas Minna.

— Je n’ai pas osé aller à elle, le premier… J’avais pensé, maître Stenneverck, que vous voudriez bien m’aider ?

— T’aider à quoi ?

— À plaider ma cause…

— Écoute-moi : si Minna ne me demande rien, je n’interviendrai point entre vous ; mais si elle prend conseil de son vieux grand-père, voici ce que je lui dirai : « Ma fille, quand un homme se montre jaloux sans motif ; quand, pour un mécontentement léger, il ne craint point de rompre ses engagements et de blesser le cœur de celle qu’il prétend aimer ; quand le premier moment de colère passé, il persiste dans