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les conquêtes du commandant belormeau

— Valentine, pour fêter le printemps, sans doute, avait revêtu une robe d’organdi à fleurettes qui lui seyait à ravir ; elle jeta, sur ses cheveux bruns, une souple capeline de paille d’Italie et suivit le conseil de grand-père Frantz. Son cœur battait à coups précipités et menait un tel tapage dans sa poitrine, qu’il l’empêchait d’entendre les bruits venant de la rue. Cependant, elle saisit fort bien le grincement de la porte charretière et le bruit des sabots d’un cheval sur les pavés de la cour. Dans son trouble, elle s’enfuit tout au bout du jardin. Son oreille et son cœur ne s’étaient point trompés ; c’était bien Philippe Artevelle qui accourait au grand galop de sa monture. Ce fut grand-père Frantz qui le reçut.

— Mon ami, lui dit le vieillard, j’ai sermonné tous mes enfants, les uns après les autres ; tu es le seul qui n’ait pas eu sa part de la gronderie ; viens un peu, par ici, que je te l’octroie.

— Maître Stenneverck, balbutia le jeune homme, déjà inquiet, peut-être vous étonnez-vous de mon audace ?… Je ne serais pas revenu si…

— Si Valentine ne te l’avait demandé.

— Vous le savez ? Vous la blâmez peut-être ?…

— Je l’ai approuvée. Mon cher Philippe, ne prends point cette figure consternée ; Valentine t’aime et t’aime bien.

— Oh ! maître Stenneverck, en êtes-vous bien sûr ? Êtes-vous sûr qu’elle ne regrette rien ?

— Mon cher enfant, crois-tu que Valentine, si elle conservait un souvenir, en son cœur, eût été femme à t’écrire ce qu’elle t’a écrit hier ?

— J’ai confiance en sa droiture, mais je crains qu’elle ne s’illusionne sur… ce qu’elle peut me donner !

— Moi, je te le répète qu’elle t’aime, comme tu peux le désirer ! Est-ce que je te pousserais vers elle si je gardais l’ombre d’un doute, à ce sujet ?

— Maître Stenneverck, je crois en votre parole.