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— Il faut donc, mon cher enfant, et c’est par là que je vais commencer mon sermon, que tu chasses, de ton esprit, tout sentiment de défiance, tant en ma petite-fille qu’en toi-même. Il faut que tu rassures cet amour inquiet qui vient à toi et que tu saches y répondre.

— Oh ! maître Stenneverck, vous savez bien si je l’aime !

— J’en suis persuadé ; mais cela ne suffit pas. Il faut savoir le prouver, il faut savoir le dire. C’est ce que tu n’as pas fait, Philippe.

— Je me suis souvent reproché ma sotte timidité.

— Oui, il y avait de la timidité dans ton cas ; mais, enfin, Pierre et toi, n’avez-vous pas fait un peu, au cours de vos tranquilles fiançailles, comme ces maris heureux qui s’endorment dans leur sécurité ? Mon cher enfant, voici ce que je voulais te dire : un cœur, c’est une conquête à faire, mais aussi à maintenir. Il ne suffit pas à une femme de se savoir aimée, il faut aussi qu’elle le sente et qu’on le lui dise… quelquefois. Va donc rejoindre Valentine au jardin et prépare ton discours. Regarde un peu ce ciel en fête et dis-moi s’il n’est pas pour toi ?

Philippe s’éloigna rêveur, et grand-père Frantz, appuyé des deux mains sur sa canne, s’approcha de la fenêtre, pour le suivre des yeux.

Là-bas, sous les lilas et les cytises, se profilait une robe blanche ; le jeune homme l’eut tôt rejointe ; mais, tout aussitôt, le couple disparut sous une charmille.

— Bon, fit grand-père, je ne verrai rien.

Philippe suivit-il, à la lettre, les conseils de l’aïeul ? Que dirent ces amoureux ? On prétend que cette sorte de gens est d’autant plus éloquente qu’elle ne sonne mot ?

Toujours est-il que, lorsqu’ils reparurent, Valentine souriait, quoiqu’elle eût deux grosses larmes