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les conquêtes du commandant belormeau

C’était vraiment une famille plaisante à voir et le grand-père, sur elle, reposait ses regards avec un évident plaisir.

Les jeunes filles marchaient un peu à l’écart et se parlaient en confidence ; elles avaient beaucoup de choses à se dire, ne s’étant point vues depuis la veille. Ces demoiselles arboraient de riches toilettes à la mode de Paris qui faisaient écarquiller les yeux des paysannes et des boutiquières et, quoique n’étant vaniteuses ni l’une ni l’autre, en leur qualité de filles d’Ève, elles n’étaient point fâchées de l’effet qu’elles produisaient.

Elles portaient d’amples jupes de satin gorge de pigeon, des manteaux de drap à pèlerines et des chapeaux en organdi, à bavolets et à brides de rubans.

Unies comme des sœurs, elles aimaient à se parer des mêmes ajustements, mais comme l’une était brune et l’autre blonde, Valentine avait des brides roses et Minna des brides bleues.

Vraiment, grand-père Frantz avait bien le droit de ressentir un peu de fierté, en considérant ses petites-filles, car elles étaient jolies à ravir.

Valentine, grande, élancée, avec un visage délicat, des yeux de velours noir et un doux air rêveur qui lui seyait à merveille.

Minna, fraîche comme une fleur des prés, avec des boucles d’or, des yeux bleus, des fossettes et un sourire étincelant.

Les servantes fermaient la marche ; il y avait celle de Mme  François, Gertrude, une vieille femme solide, en dépit des bandeaux gris qui dépassaient sa coiffe ; dévouée aveuglément à ses maîtres, toujours pleine d’indulgence pour les quatre garçons qui la houspillaient tout le jour et d’admiration pour Minette « qui n’avait pas sa pareille au pays de Flandre ».

Mme  Michel possédait jadis le pendant de Gertrude,