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les conquêtes du commandant belormeau

Là-dessus, on atteignit le porche et les parents Stenneverck se retournèrent comme s’ils attendaient quelqu’un ; quant aux jeunes filles, leurs frais visages enfouis dans les grandes passes en entonnoir, elles causaient si bien, qu’elles ne paraissaient point partager l’impatience de leur entourage.

— Ah ! les voici ! dit tout à coup Michel Stenneverck.

— Tu les vois ? demanda le grand-père que son torse raidi empêchait de regarder derrière lui.

— Oui, ils sortent du Canard Vert ; ils seront venus à cheval et, se sentant en retard, auront mis leurs montures à l’auberge.

Deux jeunes gens s’avançaient d’une allure souple et rapide, ayant hâte évidemment de rejoindre le groupe avant son entrée à l’église.

Ils étaient tous deux de haute stature et, quoiqu’ils ne se ressemblassent point, avaient un certain air de famille : la même expression de loyauté et de force tranquille.

C’étaient Philippe et Pierre Artevelle, deux cousins germains, orphelins, ayant hérité d’une belle fortune en terre et que dans la famille Stenneverck, on avait toujours considérés comme les futurs maris de Valentine et de Minna.

Ces demoiselles, jusqu’à ce jour, n’avaient jamais protesté.

Les deux jeunes gens rejoignaient le groupe.

Philippe, l’aîné, avait des traits graves ; sa moustache rasée laissait voir une bouche ferme, un peu sévère, dont le sourire très doux corrigeait l’expression ; à ce sourire on ne pouvait reprocher que d’être un peu trop rare. Les yeux sombres, légèrement perdus dans l’ombre des sourcils rapprochés, étaient profonds mais leur regard semblait empreint d’une sorte de timidité.

Pierre, de même stature, était plus blond et se