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les conquêtes du commandant belormeau

— Allons, fillettes et vous, jeunes gens, faites un tour de mail avant d’aller déjeuner. Les femmes vont rentrer pour préparer la table, Michel reconduira mon père ; quant à moi, ajouta François Stenneverck, je vous attendrai, en fumant ma pipe, sur ce banc.

Tout aussitôt Philippe offrit son bras à Valentine, tandis que Pierre attendait Minna qui causait avec une vieille fermière. Les deux jeunes gens s’éloignèrent, à pas lents, dans les feuilles sèches qui bruissaient sous leurs pieds. C’était un beau couple admirablement assorti ; grands et bien faits tous les deux, avec le même air de douceur grave.

Pourtant la conversation ne s’engageait pas spontanément entre eux ; ils allaient le front baissé, s’amusant à chasser les feuilles d’or.

Valentine releva les yeux, la première, et dit, avec une mine coquette :

— Philippe, comment trouvez-vous mon chapeau ?… mon chapeau de Paris, ajouta-t-elle, avec une satisfaction enfantine.

Il la regarda d’un air embarrassé. Sans doute, il ne voulait point s’en tirer avec un compliment banal.

— Il doit être joli, Valentine, puisque vous l’avez choisi ; mais je vous avoue que je ne connais pas grand’chose à la mode et que, pour mon compte, j’aimerais mieux qu’il dégageât votre nuque et votre front.

— Oh ! Philippe, c’est un modèle tout nouveau.

— Cela ne lui confère pas grand mérite à mes yeux. Je vous aurais tant aimée avec la coiffe de ma grand’mère qui était boulonnaise. Vous auriez été si jolie avec l’auréole légère et les longs pendants d’oreilles qui cliquettent à chaque mouvement.

En dépit du compliment, elle eut une petite moue ennuyée.

— Je ne puis pourtant pas porter la coiffe, puisque ma mère, ma tante, ma cousine ne la portent point.