Page:Nalim - Les conquêtes du commandant Belormeau, 1927.pdf/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


III


Valentine Stenneverck, en peignoir de laine blanche, ses brillants cheveux noirs pendant en deux longues tresses sur ses épaules, était agenouillée devant le feu de pommes de pin que la sollicitude maternelle faisait allumer chaque matin, dans sa chambre.

Elle rêvait à sa conversation de la veille, avec Minna ; celle-ci l’avait désenchantée, sans la convaincre.

Soudain, sa porte s’ouvrit sous une brusque poussée et Nanniche pénétra jusqu’à elle, avec l’impétuosité d’une bombe ; contrairement à l’habitude, le visage de la servante s’épanouissait dans un radieux sourire qui lui fermait les yeux aux trois quarts mais qui, par contre, faisait briller une double rangée de dents blanches et pointues,

— Qu’y a-t-il, Nanniche ? demanda Valentine, en se relevant vivement.

— Mademoiselle ne sait pas ce qu’il y a de nouveau ?

Elle n’a rien entendu ?

— Rien du tout, Nanniche ; je ne sais pas ce que tu veux dire ?

Annette, sans souci de l’étiquette, empoigna vigoureusement sa jeune maîtresse par le bras et l’attira devant la fenêtre.

— Regardez, demoiselle.

Celle-ci souleva discrètement le rideau de mousse­line brodé et jeta un coup d’œil au dehors.

— Ah ! fit-elle, gaîment, des soldats.