Page:Nalim - Les conquêtes du commandant Belormeau, 1927.pdf/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
37
les conquêtes du commandant belormeau

vers la fenêtre avec une telle vigueur que celle-ci eut la crainte de passer au travers des vitres.

— Demoiselle, regardez, regardez ! C’est le commandant. Oh ! le bel homme ! Jamais de ma vie, je n’avais vu un homme pareil ! On dirait le saint Georges de la chapelle.

— Où donc ? fit Valentine, un peu curieuse.

— Là, tout près ; il vient par ici.

Oh ! le bel homme ! reprit-elle, semblant savourer son admiration comme un bonbon délicieux. Ouvrez donc le rideau, mieux que cela, demoiselle, vous n’y voyez rien.

— Non, Nanniche, fit Valentine, retenant l’étoffe légère ; il ne serait pas convenable que cet officier nous voie l’examiner ainsi.

Le commandant du détachement d’artillerie atteignait, en effet, l’extrémité de la place et Mlle Stenneverck dut s’aviser qu’Annette n’avait pas trop amplifié ses éloges.

De haute stature, ses buffleteries faisant valoir sa taille bien prise, l’officier portait, avec une mâle fierté, l’uniforme sombre et le colback à flamme rouge. En, cet instant, comme s’il eut deviné au tremblement du rideau de la fenêtre, l’examen sympathique dont il était l’objet, il leva la tête et Valentine, éblouie par la beauté de l’homme et le prestige de sa tenue militaire, put contempler des traits nobles et réguliers, des yeux superbes et, sous la moustache bien cirée, un sourire étincelant.

— Hé bien, demoiselle, qu’est-ce que vous en dites ? demanda Nanniche.

— C’est un magnifique soldat, répondit la jeune fille.

— Moi, reprit la grosse servante, un homme comme cela, je le suivrais au bout du monde.

— Oh ! Nanniche ! fit Valentine, scandalisée.

Mais déjà Nanniche prenait un air sévère.