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les conquêtes du commandant belormeau

Benoîte, qui pliait la couverture, demeura un bras en l’air.

— Qui cela peut-il être ?… La laitière et le facteur sont passés et ce n’est pas encore l’heure du boulanger.

Tandis qu’elle se livrait à des suppositions variées, un second coup de sonnette non moins impérieux retentit.

— C’est un pauvre peut-être ? dit Mlle Herminie.

— Il ne faudrait plus que cela, que les mendiants se mettent à sonner de cette façon.

— Regarde donc, Benoîte.

Celle-ci ouvrit la fenêtre et, de stupéfaction, faillit se laisser choir.

— Mademoiselle, clama-t-elle, en se retournant tout hébétée, mademoiselle ; ce sont des militaires.

— Des militaires ! s’écria Mlle Herminie, en sursautant au grand mécontentement de Vicomte ; sûrement ils se trompent d’adresse.

Benoîte, il te faut bien aller y voir ; mais ma bonne fille, sois prudente ; n’entre pas aisément en conversation avec ces inconnus.

— Mademoiselle sait bien qu’elle peut être tranquille, je vais les expédier, et rondement !

La servante descendit, ouvrit brusquement la porte et se trouva en présence du commandant Belormeau qui, une main sur la poignée de son sabre, de l’autre frisait sa moustache.

Benoîte, comme ses pareilles, pensa : « Oh ! le bel homme ! » et laissa, naïvement, voir sur son visage la couleur de ses pensées.

Le commandant, habitué à lire l’admiration dans les yeux féminins jeunes ou vieux, sourit avec complaisance, pas du tout blasé sur la saveur des hommages que lui valait sa belle mine.

— Ma bonne femme, dit-il, c’est bien ici que demeure Mlle de Batanville ?