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les conquêtes du commandant belormeau

Batanville que revenait l’honneur d’abriter l’officier le plus élevé en grade.

J’ai souvenir d’avoir vu, chez mon grand-père, des colonels, des généraux et même un maréchal de France… Tu faisais, ma fille, un jugement téméraire ; le maire n’a fait que son devoir en maintenant le privilège de ma maison ; je reconnais que c’est à moi qu’il échoit de loger ce commandant, si toutefois il n’a pas de supérieurs.

Qu’eût dit Blaise Faverger, s’il lui eût été donné de voir, ainsi, rater sa vengeance ?

— Je ne puis renvoyer le commandant, reprit Mlle  Herminie, sans manquer à toutes les traditions patriotiques de ma famille ; d’un autre côté, installer un homme dans ma propre maison m’apparaît impossible.

— Alors, mademoiselle ? interrogea Benoîte, ouvrant ses longs bras, en un signe d’impuissance et d’incompréhension.

Mlle  Herminie prit, à nouveau, sa caline entre ses mains et, soudainement, une inspiration sembla en jaillir.

— Dieu soit loué ! s’écria-t-elle, avec un soupir de soulagement ; je tiens une solution ! Le pavillon du jardin est encore en bon état ?

— Il est fermé ; il sent le moisi et il n’est pas meublé.

— Tu l’aéreras, tu le chaufferas et tu y transporteras les meubles de la chambre verte. Nous donnerons, au commandant, la clef de la petite porte. Il sera chez lui sans être chez moi, et j’aurai, s’écria Mlle  Herminie, triomphante, concilié le souci de mon honneur patriotique avec celui des convenances, qui ne doit jamais abandonner une femme.

Il y avait longtemps que la bonne demoiselle n’en avait tant dit ; elle s’arrêta, tout essoufflée. Mais Benoîte levait au ciel des bras désespérés.