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les conquêtes du commandant belormeau

— Mademoiselle, je veux bien nettoyer le pavillon, balayer, épousseter, laver, faire tout ce que vous voudrez ; je veux bien y brûler nos meilleures bûches, si ça vous convient ; mais je ne peux pas y transporter, toute seule, les meubles de la chambre verte… de l’acajou massif,… un lit comme une chambre, une armoire comme une maison ; c’est pour le coup qu’il en faudra un homme !

— C’est vrai, je n’avais pas songé à cela, soupira Mlle  Herminie… qui pourrions-nous demander de parfaitement convenable ?

— Convenable ou non, mademoiselle, je n’en connais pas.

— Peut-être cet officier pourrait-il te laisser son ordonnance pour t’aider à emménager ?

— Oui, je crois que ce garçon ferait mon affaire.

— Je compte, ma fille que tu seras très prudente et que tu demeureras aussi réservée au cours de ce travail en commun, que tu l’as toujours été ?

— Vrai, si mademoiselle doute encore de moi ?

— Je ne doute pas de toi, Benoîte, mais je sais qu’il faut se défier des hommes, des militaires surtout… Si tu allais trébucher dans quelque piège ?…

— Que mademoiselle, se rassure ; ils n’en tendront pas en mon honneur. Il y a trente ans, je ne dis pas.

— Ma fille, dit sévèrement Mlle  Herminie, il n’y a pas d’âge pour une femme, en ce qui concerne sa pudeur et sa prudence. Va communiquer à cet officier l’arrangement que je lui propose et s’il lui agrée, prie-le de te laisser son ordonnance pour t’aider à l’aménagement du pavillon.

— J’y vais, concéda Benoîte ; mais ça va être rudement embêtant deux hommes comme ça, dans la cour. Si le grand n’avait pas eu tant de galons je les aurais expédiés à coups de manche à balai, sans consulter mademoiselle. Il aurait pu aller se plaindre à notre maire, j’en garde autant à son service… Et