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les conquêtes du commandant belormeau

— Je suis inquiet, dit-il, avec sollicitude, qu’avez-vous ? Vous souffrez ?

Elle répondit simplement :

— Mes parents veulent me fiancer, le jour de Noël.

Il eut une exclamation de surprise douloureuse ; puis, étendant la main, dans un geste de supplication, il murmura :

— Oh ! non, non, n’est-ce pas ?

Un flot de joie inonda le cœur de Valentine ; elle ne pouvait se tromper au sentiment qu’avait trahi l’émotion du commandant. Il connaissait, maintenant, le danger qui la pressait et il saurait le conjurer.

Un obstacle existât-il à la prompte réalisation de leur union qu’il le ferait connaître. Pleine d’une confiance renouvelée, elle attendit encore.

Mais rien ne vint, pas même le commandant, retenu par les préparatifs d’une revue.

Déjà la veillée de Noël était commencée. Autrefois, prétexte d’une joyeuse réunion de famille chez l’un ou l’autre des frères Stenneverck, cette année, les parents de Minna, gravement ennuyés de la défection de Pierre, avaient trouvé une raison de rester chez eux.

Grand-père Frantz, enrhumé, renonçait à la messe de minuit et, lesté d’un grog bouillant, avait dû gagner son lit. Michel Stenneverck, soucieux d’une affaire, était encore dans son bureau. Un moment, Valentine et sa mère se trouvèrent seules.

Les deux femmes demeuraient silencieuses. La bise qui gémissait doucement aux fenêtres closes, les crépitements des bûches dans l’âtre et le balancier de l’horloge de cuivre étaient les seuls bruits familiers qui se fissent entendre dans la vaste pièce.

À plusieurs reprises, Mme  Michel avait levé un regard inquiet sur le visage fiévreux de sa fille.

L’heure allait bientôt sonner de se rendre à l’église.

Dans la famille Stenneverck, tous, parents, enfants,