Page:Nalim - Les conquêtes du commandant Belormeau, 1927.pdf/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
les conquêtes du commandant belormeau

— Oh ! pour ça, non ! Ça vous fait quelquefois monter le sang au visage, mais ça ne vous fait pas enfler les paupières.

— Et que t’importe ! reprit la jeune fille excédée.

— Moi je n’aime pas à vous savoir dans la peine… Je me dis que c’est peut-être à cause de M. Philippe que vous avez des regrets ?… C’est un si bon garçon ! et pas volage, comme tant d’autres ! Pas comme le commandant Belormeau, par exemple !

— Ah ! il est volage, celui-là ?… riposta Valentine, avec un petit rire nerveux.

— Tant et plus, demoiselle. On dit que, pas plus tard que ces jours derniers, on l’a vu se promener sous les platanes…

— C’est son droit, j’imagine !

— Oh ! il n’était pas tout seul. C’est Baptistin le charpentier qui, battant le briquet pour allumer sa pipe a vu, tout d’un coup, reluire les chamarrures de son uniforme. Quant à la femme, elle avait son tablier sur la tête, mais elle était assez grande, un peu forte, une belle femme, enfin !

Nanniche baissait les yeux et se caressait le menton d’un air à la fois modeste et mystérieux, mais sa jeune maîtresse n’y prit, certes, pas garde.

— Laisse-moi, Nanniche, je souffre tellement.

— Vous, demoiselle, je vois ce que c’est ; vous n’avez pas encore pleuré tout votre content.

— Mais tu m’impatientes ! s’écria Valentine exaspérée.

— Entre jeunes filles, on connaît ça ; je n’aurai pas refermé la porte, que vous lâcherez les écluses.

— Va-t-en, je t’en supplie.

— Je vous apporterai, bientôt, votre tilleul.

Valentine, pour la première fois de sa vie, eut envie de battre quelqu’un et de commencer par Nanniche.