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à travers le grönland.

13 juillet, de sortir de la banquise et de faire route vers la côte du Grönland.

Ce jour-là et le lendemain, nous capturâmes le long de la glace une centaine de phoques.

Dans la nuit du 14 au 15 et de grand matin, le second avait aperçu terre. Le brouillard nous ayant enveloppés dans la matinée, nous ignorons à quelle distance nous nous trouvons de la côte. Tous les bagages sont montés sur le pont ; tout est paré pour le débarquement.

Vers midi j’étais occupé à écrire des lettres, lorsque tout à coup j’entends le cri de la vigie : Terre ! De suite je grimpe sur le pont. Devant nous, sous un dais de brume, se lève la côte du Grönland dorée par un beau soleil. Nous sommes sur le travers de la montagne d’Ingolf, à environ 32 milles de terre. En avant s’étend une masse de glace. Dans ces conditions nous faisons route dans le sud en nous rapprochant de la côte.

Nous croisons plusieurs grands isbergs, quelques-uns chargés de pierres et de gravier. À une grande distance, ces colossales montagnes semblent des fragments de terre détachés du continent ; plusieurs fois il nous arriva de prendre ces énormes glaçons pour des îles situées sur notre route. Plus au sud, près du cap Dan, un grand nombre d’isbergs sont échoués.

Ce jour-là et le lendemain, le débarquement ne put cire opéré. La banquise était large de 16 à 20 milles ; il était donc préférable de reconnaître l’état des glaces plus au sud.

Le 16, nous doublons le cap Dan, reconnaissable à la forme arrondie de son sommet. Dans ces parages, la banquise s’étend également à une grande distance en mer, sa largeur est d’environ 16 milles. Plus à l’ouest s’élève au-dessus de la glace une buée bleuâtre, indice de l’existence d’un golfe ouvert au milieu du pack dans la direction de terre. Immédiatement nous faisons roule de ce côté, dans l’espoir de pouvoir atterrir. Dans la nuit, le navire atteint cette baie. Le 17 au matin, en montant sur le pont, je reconnais de suite que l’heure du débarquement est arrivée. L’inspection de la banquise du haut du nid-de-pie me confirme dans cette pensée. Les montagnes des environs du Sermilikfjord s’élèvent devant nous et pour la pre-