Page:Nansen - À travers le Grönland, trad Rabot, 1893.djvu/209

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Puis, avant de continuer notre roule, nous poursuivons nos études ethnographiques.

J’essayai de photographier le cercle de spectateurs qui entourait notre tente ; mais des qu’ils virent mon appareil braqué sur eux, tous s’écartèrent brusquement comme s’ils eussent craint de recevoir une décharge de mousqueterie. Quelques instants après, je voulus
tout à coup le mari sort de la tente. (d’après une photographie.)
prendre un groupe assis sur un rocher, mais ce fut sans plus de succès. Ce ne fut qu’en usant des plus grandes précautions que je réussis plusieurs vues.

Après cela je fis un tour dans le campement, muni de mon appareil. Devant une petite tente dressée à l’écart, je rencontrai une jeune femme fort avenante, avec une mine souriante, égayée par deux beaux yeux dont elle savait fort bien se servir. Elle n’était pas vêtue d’une manière très élégante, sans doute parce qu’elle était mariée, et qu’une mère de famille doit renoncer au plaisir de plaire. Elle portait dans son amaut un marmot dont elle paraissait très fière et auquel elle me montrait, un moyen certainement de me faire sa cour. Pendant que je prenais plusieurs photographies instantanées, nous échangions des politesses.

Tout à coup le mari sort de la tente et, à son grand étonnement, aperçoit sa femme en tête-à-tête avec un étranger. Le bonhomme se réveillait et, étant ébloui par l’éclat de la lumière, avait mis des lunettes en bois. C’était un solide gaillard, très avenant, qui s’empressa de me montrer maintes choses intéressantes. Il était très fier de posséder un de ces bonnets que j’ai décrits plus haut, et voulait absolument que je m’en couvrisse, pendant qu’il mettait sur sa tête mon couvre-chef. Cet échange de coiffure ne me convenait guère, de crainte de quelques suites fâcheuses. Ensuite il me montra son oumiak ; finalement je dus lui brûler la politesse et me sauver.

Je jetai ensuite un coup d’œil dans l’intérieur de plusieurs ce lui sans