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a travers le grönland.

causent une véritable souffrance. Dans ce bas monde le bonheur n’est jamais parfait.

Nous sortons du fjord et devant nous apparaît resplendissant de lumière le panorama de la pleine mer parsemée de rochers et d’îles pittoresques. Cette vue nous rappelle les paysages de la côte de Norvège. L’impression est tellement forte que nous nous arrêtons un instant pour admirer cette belle nature. Il n’est pas étonnant que nos grands-pères aient été attirés par ce pays : ils y retrouvaient les horizons de la patrie.


MÉTISSES GRÖNLANDAISES.
(D’APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.)

Nous poursuivons notre route avec courage ; mais dans la soirée, la violence du courant nous oblige à nous arrêter. Il était alors neuf heures ; depuis vingt heures nous ramions pour ainsi dire sans arrêt.

Le souper fut aussi copieux que le dîner. Pour la première fois depuis que nous avions quitté le Jason, nous pouvions manger à discrétion, assurés désormais du lendemain. Nous avalons du pain, du beurre, du pâté de foie et, comme dessert, du chocolat à la viande, que nous mangeons enveloppés dans d’épaisses tranches de beurre. Après cela nous dégustons une citronnade ; nous absorbons