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de norvège en islande. — l’écosse et les ferö.

jaquette brune, ainsi que d’un bonnet garni d’un petit ruban bleu, rouge ou brun. Les Feröiens sont chaussés d’un mince morceau de peau attaché au pied comme une sandale. L’embarcation amenait à bord le médecin et le maire du pays. Pendant qu’ils restèrent à bord, j’essayai de converser avec les indigènes. Je savais qu’ils parlaient un dialecte dérivé de l’ancien norvégien, présentant, m’avait-on dit, une grande affinité avec nos patois ; toutefois au début je ne compris rien du tout à ce que me dirent les bateliers.


la petite dimon.

Après une relâche de plusieurs heures, le vapeur poursuit sa route. Au delà de Trangisvaag nous rencontrons de la brume et du gros temps ; néanmoins nous pouvons apercevoir la Grande et la Petite Dimon, deux îlots basaltiques s’élevant à pic au milieu de la mer. Sur la Grande Dimon se trouve seulement une habitation, située dans la partie méridionale de l’île. Les rochers sont tellement escarpés que les ballots doivent être descendus à l’aide d’une corde et que, pour parvenir au sommet de l’île, les indigènes doivent entreprendre une véritable escalade par un sentier de chèvres. La côte étant partout accore, il est impossible d’y conserver, l’hiver, des canots. En cette saison, si les habitants viennent à manquer de quelque chose, ils doivent faire un signal aux indigènes des autres îles, et ceux-ci viennent à leur secours quand l’état de la mer le permet. Notez que du commencement de novembre à la fin de mars il est très difficile d’atterrir à la Grande Dimon. Pendant tout ce temps les habitants sont pour ainsi dire séparés du reste du monde. Il y a quelques années, au commencement de novembre, m’a-t-on raconté, ces pauvres gens avaient laissé leur feu s’éteindre, ils n’avaient point d’allumettes et pendant six mois ils durent rester sans feu et sans lumière.