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UNE CHASSE À L’ORIGNAL

L’île est un plat d’épinards. Elle a la rondeur d’une boule de suif. Endroit idéal pour une chasse. Une nappe d’eau, large de 50 pieds, nous sépare de la terre ferme. Une savane s’y déroule, en ondulations herbeuses, jusqu’à la montagne abrupte. Notre îlot est recouvert de framboisiers. Aucun fruit. Il n’y a rien comme la mode. À la garçonne… Et les beaux frisons rouges sont coupés.

Nous attendons.

Le soleil a terminé son bain. Il saute hors de l’eau, secoue sa grosse tête rousse. Des courants roses inondent les vallées.

Osias ordonne tout bas :

— Parés, vos fisils.

Le jeune chasseur saisit son cornet, le porte à ses lèvres. L’appel, parfait, en tombe :

— Ha… a… a… a… a… aaaa…,

Un huart apeuré crie. Joseph Laurence s’impatiente.

— L’maudit loon, j’voudrais ben y tordre le cou.

Rien. Valade recommence plus lentement, en ondulations longues.

— Haa… aaaa… a… a… aaaaaaa.

Un frisson cinglant fait remuer les peupliers, au sommet d’une colline. Encouragé, le