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SCÈNES D’HIVER

Pis les quatre autres, sus deux voitures de charriage.

Il revient. L’eau a déjà formé des perles sur son pantalon noir. Il me sourit de nouveau, tourne autour de son lit et s’y jette. Après avoir rallumé sa pipe une deuxième fois et compté les poutres du plafond (elles remplacent temporairement les mouches), il murmure :

— On va leur en fourrer ane, aux ch’mins. C’est Boisvert qui vous l’dit.

Après deux heures de repos et de nutrition, les hommes sortent. Voilà maintenant le bataillon des pelleteurs. « Pitoune » et « Togo » sont amenés devant la cuisine. Une galette que j’avais mise dans ma poche de mackinaw fait courte vie. « Pitoune », senteuse comme une jument, me la vole, en un tour de babines. Elle mérite bien une flatterie. Je gratte son front blanc, avec douceur. La coquette pousse, pousse, tant et si bien que je suis acculé au mur du bureau, où un glaçon me tombe sur la tête.

Aussi, pourquoi ces familiarités ?

Le premier ravin, à gauche du lac, déploie ses cinq pieds de neige. Se peut-il qu’un chemin soit caché là ? Justement. Le premier attelage s’y jette, avec entrain. Des bonds, des sauts. « Pitoune » se cabre, intelligemment, puis rabat tout son corps dans la couche moelleuse. « Togo »