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À LA HACHE

ture me caresse. Pas seulement un bruit d’ailes. Pas même le frisson des vagues.

Oh ! la minute voluptueuse !…

La mort doit être ainsi. Je ne sens rien. Le grand silence de la terre m’entoure, mêlé à la noirceur, lourd et profond comme un trou… Qu’ils sont loin et peu regrettés, ces rires clairs de femmes imitant des noix qui roulent dans un grenier… Oubliées, les trahisons, les fausses promesses de l’amour… Vaincues, les mesquineries de la richesse… Anéanties, les habitudes de luxe, mortelles à la vertu comme un poison…

Oui ! la mort doit être ainsi, calme, prenante, durable, profonde, éternelle…

***

Tout à coup, deux éclairs, l’un sorti du fond des eaux, l’autre tombé des cieux, viennent se joindre, se souder sur la surface, en rendant un bruit de vitres brisées. Lumières fugaces, fendant l’ombre, ouvrant l’azur.

Je rentre sans hâte. Déjà, le vent lointain mord les coteaux et la forêt tressaille, apeurée.

Étendu sur un lit de branches de sapin, je me plais à respirer cette bonne odeur de gomme séchée.

Les éclats du tonnerre augmentent, en se