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L’ÎLE VALADE

pain… L’été, y mangent, se reposent et dorment. L’hiver on les attelle, on part avec nos pièges pis nos provisions…

Valade se tait et pousse du pied les os, trop éloignés de ses fidèles compagnons. Des mouches s’envolent, en un friselis d’ailes harmonieux.

Sa fille continue :

— Mollie a encore désarté, y a deux mois… J’ai vu ses pistes, dans la savane du lac Jérôme. Je n’sais pas si a va r’venir… J’en avais fort soin, pourtant, la sans-cœur… C’est parce qu’elle est née dans ane ville, j’suppose ben ?

Quoi répondre ?

Nous continuons vers le chantier. Il est construit en billes de pin. La blancheur des pièces superposées enchante la vue. Ici et là, capricieusement, la gomme a coulé, s’est durcie en pendants clairs. La couverture est en bardeaux, fendus par le chasseur lui-même. Ils sont larges, invitant plus de lumière, et béats, dans leur peinture rouge. Un tuyau, à binette de nègre, est déjà mordu par la rouille. Avec son panache, mobile et flou, de rubans gris, il dédaigne une vigne, avide de chaleur, enroulée à sa base.

Les fenêtres ont un rire naïf. Les vitres supérieures sont blanchies à la chaux. Bandeaux plats sur des fronts carrés. Un jeune saule pointe ses flèches graciles vers les ouvertures, amor-