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L’ÎLE VALADE

Je trouve admirable cette expression « nos vieux jours »…

Perpétuelle jeunesse des hommes du sol. Ils ont déjà un pied dans la tombe, alors qu’avec l’autre ces héros font sauter, en riant, les fils de leurs fils…

Il me faut quitter à regret ce foyer idéal. Ernestine et Osias me ramènent au dépôt. Avec quelle vitesse le canot obéit aux mouvements des superbes rameurs ! Il saute comme un lévrier, coule avec la souplesse d’un serpent.

Mademoiselle n’a pas changé de toilette. Heureusement pour moi, le soleil plein jette un bandeau de rayons sur mes yeux et cache la jeune Diane. Les jambes seules me touchent presque, arrondies et parfaites, car la fillette est assise maintenant. Elle porte des bas noirs. Un duvet doré se mêle avec la laine rude.

Je remercie les bienveillants voisins par un amical bonsoir.

Au départ, L’Épicier les guette, près du lac. J’entends le vieux forgeron qui chuchotte :

— Mon Philias arrive demain…

La fille du chasseur regarde de mon côté, salue de la main et, un seul mot, bien doux, flotte vers moi :

— Enfin…

Le soleil disparaît, happé par la montagne