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À LA HACHE

de chacun, les pétales, en groupes de cinq, et gros à peine autant que des ailes d’abeilles, se tassent en flocons de neige. On s’imagine que l’hiver a oublié son plus pur givre afin de saupoudrer les rochers nus.

Dans un bosquet de pins, sortent, des couches brunes, trois rondelles de serge verte. Les merles pourraient les transformer en éventails. Du centre fuse une tige unique au bout de laquelle penche un grelot écrasé. Le poids de la pyrola fait se courber les sommets de ce rien élancé. La corolle regarde la terre, de ses pétales enduits de cire. Ils sont tassés et offrent des parapluies aux moustiques diaphanes.

Les charmants sabots de la Vierge, à travers les bosquets de trembles, bouleaux et sapins ! Deux feuilles énormes, collet relevé, protégeant un cou de fillette, entr’ouvrent leur ellipse. Gentiment, monte, au-dessus de l’étui humide, un ballonnet rose, tout strié de blanc. Il est gonflé d’air et de nectar. Pourvu que le vent ne le fasse pas s’élever plus haut, vers les aiguilles méchantes des conifères… La jolie chaussure de fée lilliputienne. Une boucle double l’attache à la tige droite, ne laissant qu’une petite ouverture au sommet, par où les taons s’introduisent, en voleurs de miel. Et les bandits, se sauvant par une porte d’arrière, frottant leur dos au stig-