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LES ÉQUIPES SE FORMENT

nos braves apparaissent, un à un, après chaque aurore, ayant marché près de 40 milles en deux jours. Peu à peu la procession augmente. Des chants effraient les peupliers, font courir les fourmis. Sur la route, des couvées de perdreaux s’arrêtent, regardent, se cachent dans les feuilles, sous l’herbe. Les petites boules écrasées deviennent, par la couleur des plumes, d’autres feuilles mortes.

Midi !…

Deux cents hommes flânent, dorment, fument, rient, autour des bâtiments, couchés à l’ombre des érables, furetant parmi le potager, jouant sur la grève du lac.

Toute cette jeunesse vient de la campagne, des comtés de Terrebonne, Saint-Maurice, Joliette et Berthier. Elle se retrouve dans une zone aimée : la forêt prête à faire place, aux rives des lacs et des cours d’eau, à la future moisson ; ce défrichement de la coupe, embryon de toutes les paroisses, depuis le grand fleuve vert jusqu’aux sommets des Laurentides, hachés et meurtris par la foudre et les siècles.

Ottawa, Hull, Buckingham, Chicoutimi, Saint-Jérôme, belle comme une fiancée ; Joliette, gerbe de fleurs ; Grand’Mère, les Trois-Rivières, ardente brune ; et combien d’autres, toutes, vous avez d’abord entendu, sur votre sol,