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Ferdinand serra les deux mains de son vieil ami.


CHAPITRE X

Vieilles connaissances et récits nouveaux.


Depuis ce 1er novembre, jour du naufrage du bâtiment inconnu, dix ans auparavant, le mystère subsistait au sujet du navire, comme au sujet des enfants, seules épaves vivantes de la catastrophe. M. et Mme  de Résort espéraient bien qu’il en serait toujours ainsi, ayant fait, en conscience, toutes les recherches possibles. Ils aimaient Marine à l’égal de leurs propres enfants, Ferdinand et Paul, né depuis cette époque. Les deux frères chérissaient leur sœur et les parents disaient que celle-ci avait été la bénédiction de leur foyer. En effet, jamais créature ne fut plus aimable, ni meilleure, intelligente, modeste, charitable, avec cela d’une gaîté constante ; les indifférents eux-mêmes restaient sous le charme de cette jeune fille, presque une enfant encore. Pour elle, son seul souci était de rendre un peu de ce dont on la comblait. « Si je pouvais jamais faire quelque chose pour vous, » répétait-elle souvent à M. et Mme  de Résort.

La question du testament épuisée, on répondait encore à mille questions de Ferdinand, lorsque celui-ci poussa une exclamation, et aussitôt, sans en prévenir le cocher, il sauta par-dessus la portière de la calèche, et presque du même bond on le vit qui franchissait un fossé.