Page:Narrache - Jean Narrache chez le diable.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sculpteurs de ferraille de rebut et de mâchefer, les compositeurs de cet ahurissant vacarme appelé musique contemporaine ; enfin, tous les gens que le public envoie couramment chez le diable, et avec tant de raisons. Mais où trouver une agence de voyages qui voudrait se charger de promener pareille horde ? Où trouver une de ces compagnies de « broche à foin », expertes à organiser des pèlerinages en Terre Sainte, qui aurait consenti à s’engager dans une telle entreprise ?

Reste maintenant à savoir comment aller chez le diable. « Cruelle énigme ! » comme aurait dit Paul Bourget. Je ne peux tout de même pas m’en aller en m’écriant : « Partons dans un baiser pour un monde inconnu ! » comme Musset… Ça vous étonne, hein ? que j’aie lu Bourget et Alfred de Musset. J’ai même lu Pallascio Morin. Et ce qui est encore plus incroyable, j’ai tenté de lire « les cinq grands » de Roger Duhamel ! Les cinq grands quoi ? je me le demande encore. Doit-on dire les cinq grands gangsters ? Les cinq grands m’as-tu vu ? En tout cas, ce sont ces cinq grands-là, ces cinq monteurs de bateaux qui ont créé notre triste monde d’aujourd’hui. À quoi bon nous dire que Staline était un ignare gangster, que Churchill était ce que les Américains appellent un « fourflusher » et que ce pauvre Roosevelt, si sympathique pouvait-il être, était loin d’être un génie ! Quant aux deux autres, oublions-les charitablement ; ce n’étaient que des bouche-trous…

Enfin, l’idée me vint (pourquoi ne m’est-elle pas venue plus avant la longue digression qui précède ?) de tenter d’évoquer ceux qui sont déjà allés en enfer. Voilà au moins des gens susceptibles de me renseigner. S’ils sont susceptibles tout