Page:Narrache - Jean Narrache chez le diable.djvu/22

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— « Diable, oui ! » fit-il en soulevant son haut-de-forme. « Tu m’as évoqué, me voici ! Je suis l’esprit de contradiction. Asmodée m’envoie le remplacer et te prie de l’excuser. »

— « Bien le bonjour, monsieur Contradiction. Donnez-vous donc la peine de prendre un siège. »

— « D’abord, ne m’appelle pas Monsieur », me dit-il, en se laissant tomber dans un fauteuil.

— « Oh ! excusez ! Honorable Contradiction, alors ? »

— « Perds-tu la carte, mon vieux ? Me prends-tu pour l’Honorable Bona ? Appelle-moi Contradiction, tout court, et tutoie-moi, si tu veux que nous nous entendions. »

— « Parfait. C’est compris. Donc entre nous pas de façons. »

— « Tu m’as évoqué. Maintenant qu’est-ce que tu veux ? »

— « Je voudrais aller chez le diable. »

— « Aller chez le diable ? Tu es donc bien pressé ? Tu ne pourrais pas attendre ton tour, comme les autres. Il ne tardera pas à venir, je t’assure. »

— « S’agit pas de cela. Je voudrais aller chez le diable, faire un tour et revenir. »

— « Ah ? Tu veux en revenir ! Je te comprends mieux. D’ailleurs, tu me sembles déjà revenu de bien des choses. Mais, enfin, pourquoi cette hâte d’aller chez le diable ? Veux-tu faire un reportage pour le « Petit Journal » ?

— « Si c’était pour faire un reportage, ce ne serait sûrement pas pour le compte d’une sainte feuille comme « L’Action », c’est entendu ! Je veux aller chez le diable, pour faire plaisir à mes amis. Il y a si longtemps qu’ils me souhaitent d’y aller. »