Page:Narrache - Jean Narrache chez le diable.djvu/30

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notre île. N’oublie pas que nous survolons Hampstead en ce moment. »

— « Possible. Mais n’oublie pas, à ton tour, que j’ai déjà soulevé des toitures de tuiles et de plomb, tout comme l’avait fait Asmodée. »

— « Je veux bien te croire. Mais, ici, les maisons sont couvertes d’hypothèques, et les hypothèques sont toujours très lourdes, s’il faut en croire les romanciers. »

— « Ah ? C’est donc cela qui donne aux maisons cet air écrasé ! »

— « Écrasé ? Tu devrais voir leurs propriétaires ; ils le sont bien davantage. »

Nous filions à une bonne allure, lorsque Contradiction monta tout à coup en flèche.

— « Aie ! prends garde ! J’ai failli tout lâcher. Qu’est-ce qui ne va pas ? »

— « Il me prend que je n’ai pas le goût de m’accrocher dans le rideau de fil de fer du maire Dawson ! J’ai failli me dévisager tantôt en allant chez toi. »

— « Ah ! Je te comprends. Nous venons, en effet, de survoler Ville Mont-Royal. »

— « Veux-tu me dire quelle idée le maire Dawson a eue d’installer cette fichue clôture ? » reprit le diable.

— « Tout simplement, mon vieux, dans l’espoir qu’il n’y aura plus de Canadiens français qui s’installeront dans SA ville. »

— « À moins que ce ne soit pour empêcher ceux qui y demeurent déjà de s’enfuir n’importe où ailleurs, à cause de sa phobie du français. »

— « C’est fort possible. Il veut les conserver comme d’excellents payeurs de taxes. »