Page:Nau - Au seuil de l’espoir, 1897.djvu/71

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« Voici de mornes, d’immenses terres
« Qui montent dans des ciels de mirage
« Où courent des fantômes de villes,
« Géantes, livides sous l’orage,
« De vaisseaux monstrueux et d’effroyables îles
« Menaçantes, sur un Océan qui rougeoie.

« C’est sous un poudroiement de lumière brutale
« Le moutonnement flou des forêts qui s’étale
« Dans l’air souplement vitreux qui les noie
« Et les rebrousse comme un vert remous d’écumes,
« Des forêts parlantes, Delphes et Cumes
« D’un monde qu’écrase une énigme formidable
« Et folle : Atteint au cœur alors qu’impénétrable !

« Sereins et protégés par des milliers de lieues
« De nuit sylvestre, les grands lacs, vasques d’abîmes
« Aux profondeurs paradisiaquement bleues, —
« Recèlent des reflets d’épopée et de crimes,
« Comme les mines dans l’ignoré des barathres
« Aveugles des Sierras aux masses sépulcrales
« Détiennent en secret les miroirs et les âtres
« Où flamboieront l’Ether et les splendeurs astrales