Page:Nau - Force ennemie.djvu/106

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En tout cas, je ne suis plus effrayé du tout. Ce qui me semblait si horrible tout à l’heure ne m’apparaît plus que comme une légère brume, presque claire dans ces ténèbres. Je ne vois plus ces lueurs vertes et rouges qui étaient certainement des regards de… fantôme (?) perceptibles pour moi seul. L’Être s’est fatigué du trop ennuyeux spectacle de ma vie mentale et se repose à sa guise. Je vais certainement m’assoupir quand…

… un abominable vacarme éclate dans la sombre nuit lourde et chargée d’effluves électriques.

D’infernaux hurlements partent d’un point peu éloigné de notre pavillon, — peut-être, — oui, sans doute, — du bâtiment des femmes !

Ce sont des hululements pleins d’une désespérance infinie, d’effroyables rauquements suivis de strideurs qui me vrillent les oreilles et même les os, — qui m’entrent dans les moëlles, — des miaulements qui rugissent !

Cela s’interrompt parfois, mais pour une seconde, à peine, puis cela reprend plus féroce, plus douloureux, plus endiablé. J’en ai le cœur déchiré ; une sueur froide me glace ; j’ai les membres comme paralysés ; je crois que mes dents vont se briser les unes contre les autres, — je vais hurler, moi aussi !… quand claque sèchement le guichet par où j’aperçus pour la première fois la figure de Léonard. Un jet de lumière jaune topaze pailletée de gemmes sanglantes éclabousse la paroi luisante qui me fait face et la voix de mon gardien s’élève,