Page:Nau - Force ennemie.djvu/13

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tantôt avec des précautions assez heureuses, l’histoire de mon entrée dans l’établissement du Dr  Froin. Çà et là, au cours de son bref récit et surtout en son explication finale, il s’est peut-être même montré capable de sécréter une certaine dose de psychologie rudimentaire.

Eh non ! c’est un crétin, — puisqu’il m’a permis de savoir que j’avais été fou pendant une dizaine de jours. Il aurait dû s’arranger pour me laisser ignorer cela… longtemps. J’aurais pu croire… quoi ?… qu’aurais-je pu croire ?…

Au fait, c’est moi le crétin ! Que vais-je demander là à un pauvre diable abruti par ce milieu, après une première éducation reçue, sans doute possible, sur un fumier de campagne !

Quoi qu’il en soit, puisqu’il compatit évidemment à mon malheur, j’aurais bien tort de l’indisposer contre moi ; il a la langue longue, il peut donc m’être utile quand j’aurai besoin d’être renseigné…


On dirait que la mémoire me revient un peu : oui, les façons mystérieuses de Roffieux, Dieppe, la voiture, l’arrivée dans l’ « Établissement », le départ du cousin pour la fausse visite, voire même ma colère, — je me souviens « brumeusement » de tout cela. Mais il est indispensable que j’ « alimente » la conversation si je tiens à demeurer dans les bonnes grâces de mon gardien. Les individus de son espèce détestent par-dessus tout le