Page:Nau - Force ennemie.djvu/193

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Et à chaque mot le gardien-chef me redonne une secousse à abattre un grand mât.

Mme Robinet intercède pour moi :

— Voyons, monsieur Dornemain, je seusis que vous seyez très escandalisé, mais faut pas oubiier qu’y s’agit d’un « malade ». C’est pas du vice, c’est de l’abourration. Y n’a pas choisi. Ç’aurait été une archéduchesse des palatines morganartiques ou moi-même, (Mme Robinet se rengorge. Malgré son évidente érudition (?) et sa respectabilité de dame mûre, elle consent à se voir, — hypothétiquement — assaillie avec une aussi flatteuse fureur) ou moi-même que c’eût-z-été le même tabac. Faut pas brutaliser, faut comprendre !

— C’est bon ! c’est bon ! grogne Dornemain. Ça n’empêche pas que je vais mettre ce cadet-là en cellule pour le reste de la nuit… Et demain, gare les grandes eaux !

Nous retraversons la cour, Kmôhoûn et moi, beaucoup plus rapidement qu’en venant. Dès que je suis essoufflé ou que je tente de ralentir un peu le pas, Dornemain m’envoie son genou au bas de la colonne vertébrale et ma vélocité redevient miraculeuse. Et comment expliquer ceci : je suis à la fois, outré, gonflé de rage — et assoupli comme un gant, — désespéré, navré au-delà du possible — et, par moments, pris d’un fou rire ?

Peut-être Kmôhoûn se moque-t-il absolument des coups et des situations les plus humiliantes et juge-t-il énormément comiques et ma défaite et ma