Page:Nau - Force ennemie.djvu/219

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Un spectacle héroï-comique nous y attendait. Monsieur Bid’homme, botté, porteur de faux éperons de cuir taillé en étoiles, cravache en main, se figure faire caracoler une étroite table munie d’étriers en corde.

Le Dr Froin s’approche de lui, le félicite sur sa bonne mine, — (il est vert-de-gris ! —) et lui demande si tout marche à son gré :

— Mon Dieu ! tout irait le mieux du monde si ma profession de « médecin équestre » n’était pas des plus éreintantes.

— L’appétit se maintient ?

— C’est mon cheval qui mange tout mais çà me produit le même effet. C’est omnivore, un cheval, mais coûteux. Je vais essayer de l’automobile.

— Bon ! Mais vous ne vous ennuyez pas ? Vous ne voudriez pas lire, par exemple ?

— Je n’en ai pas le temps. L’exercice de mon art dévore tous mes loisirs. Avec un « canasson  » et des malades à droguer, à purger, à fustiger, on n’a plus un moment à soi. À chaque minute, sur la route, c’est une bonne femme qui me demande une consultation. Je la donne à cheval ; tout plutôt que de descendre. Les bonnes femmes ça a toujours mal à des tas d’endroits dégoûtants. Ça finit par me répugner, si bon et si humain que je sois.

— Seriez-vous content de voir une ancienne connaissance à vous ?

— Ça dépend… un malade ?

— Oui.