Page:Nau - Force ennemie.djvu/245

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Kmôhoûn, qui ne s’était plus manifesté depuis notre sortie de la maison de santé, m’insinue :

— Il n’y aura pas de force à faire. Tu n’as qu’à déplacer cinq ou six ardoises, tout au bas du toit, à droite, dans la seule partie justement que tu aies regardée sans attention.

J’enflamme une nouvelle allumette. En effet, — de ce côté-là — tout le bois est pourri. Il faut que Pupin et consorts aient été bien préoccupés de l’état de leur porte pour ne l’avoir pas remarqué.

Je me mets (ou nous nous mettons) à l’œuvre. L’opération est plus difficile que n’avait imaginé Kmohoûn l’observateur. D’abord, impossible de nous éclairer. Nous n’avons que deux bras et je ne me vois pas, les mains occupées, tenant entre mes dents le bout d’une allumette-bougie qu’il faudrait renouveler toutes les minutes au moins, en dépit de la longueur anormale de ces Victoria Matches, — car dès que la flamme arriverait au milieu du petit bâton de cire, je devrais cracher mon luminaire sous peine de me brûler le nez. De plus, le bois des traverses est bien attaqué par l’humidité mais non aussi spongieux que je me le figurais. Kmôhoûn électrise mon système nerveux de toute sa sauvage énergie, mais ce n’est qu’avec effort, et petit morceau par petit morceau que je puis désagréger les solives et les poutrelles. De temps à autre, je regratte encore une allumette pour savoir où j’en suis et pour être bien sûr que rien ne va me tomber sur la tête. Je reprends ensuite ma besogne de ter-