Page:Nau - Force ennemie.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que ce fût de l’eau qui, bien que saine, eût un goût atroce, un goût… de… saloperie ! — Ça embêterait les sales poivrots ! Mais on est encore trop sentimental en Europe !

J’ai le tort de me laisser, de nouveau, gagner par l’impatience et de crier au Bid’homme :

— Quand donc y aura-t-il des hôpitaux pour les médecins aliénistes ? Si j’en connaissais un je vous donnerais immédiatement une lettre de recommandation pour son directeur ! Car vous avez besoin de soins, vous aussi, puisque vous appelez cela des soins !

Bid’homme se fâche pour de bon et oublie radicalement qu’il a reçu mission de soigner.

— Ah ! cochon ! vous me tapez sur les nerfs ! J’ai vu bien des ivrognes dans ma vie, mais jamais un aussi infect et révoltant soûlaud que vous !

Puis, satisfait de « ne me l’avoir pas envoyé dire », il se dirige noblement vers la sortie. Il cueille, en passant, sa cravache et s’en sert pour épousseter ses bottes avec une exaspérante désinvolture. J’écume, littéralement. Il ouvre la porte, son « beau corps » disparaît… quand… je ne sais vraiment de quelle façon la chose s’est passée ! — quand l’assiette si pieusement déposée par Léonard dans le tiroir de la table de nuit — se pulvérise avec fracas contre l’épaisse masse de chêne qui tourne encore sur ses gonds. Le tiroir est ouvert et je me retrouve, pieds nus, en chemise, au milieu de la