le dos et dans tous les membres. Je suis torturé par le chronique coryza qui fait des siennes dès que j’ai envie de me bien tenir ; torturé, — parce que brusquement, — ô paralysante catastrophe ! — je m’aperçois que je ne sais plus me moucher ! Si j’essaie de le faire, je vais être répugnant, odieux, je vais me barbouiller toute la figure, donner des nausées à ma belle-sœur. On ne voudra pas me reprocher ma rusticité mais les quatre yeux braqués sur moi me diront des choses terribles ; j’en resterai accablé de honte, navré à en pleurer, comme un gamin ! — Je m’entends respirer avec bruit. Je ne veux pourtant pas qu’on s’aperçoive de mon enchifrènement qui a déjà, maintes fois, encoléré toute ma famille, qui a déjà, trop souvent, fait concevoir à tant d’amis et d’indifférents « une piètre opinion de moi ». Car c’est comme cela ! Nous autres, les pauvres antipathiques, on nous juge fréquemment sur quelques petites misères corporelles qui sont considérées, — Dieu sait pourquoi ! — comme révélatrices d’une tare morale, — d’une certaine bassesse de caractère. Je suis sûr qu’Adrienne et même mon frère, si bon et si sincèrement attaché à moi, pensent en ce moment ou vont penser :
Si ce garçon ne se mouche pas, c’est qu’il sait parfaitement que ses reniflements nous agacent. N’osant pas se montrer franchement hostile, le mauvais drôle s’ingénie à nous être désagréable sans rien risquer. C’est bien là toujours sa sournoi-