Page:Nau - Force ennemie.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

. . . . . . . . . . . . . . . . .

Julien continue sans s’être aperçu de mon désarroi, de ma terreur :

— … Tu seras traité comme un prince. Tu ne veux pas voir Adrienne ? Eh bien, on s’arrangera pour que tu ne la rencontres jamais. Je suis sûr que dans moins de trois mois tu seras tout à fait d’aplomb et capable de veiller sur toi-même. Alors, loin de te retenir, c’est moi qui insisterai pour que tu te donnes de l’air, pour que tu voyages, pour que tu ailles, au besoin, m’attendre dans l’Inde où je ne pourrai pas retourner avant un an…

J’opine à tout ce qu’il propose, comme vaincu par sa bonté (quel ignoble hypocrite je fais !), mais mon parti est pris et bien pris. Je serai désolé de quitter vilainement le meilleur ami que je possède mais ses projets sont trop dangereux pour moi.

Au grand étonnement de Julien, je ramène la conversation sur Vassetot et ses environs. Kmôhoûn m’y pousse et j’obéis sans difficulté. Comme je n’ai pas dit le nom de la chère petite femme si odieusement traitée par moi, comme de plus je suis bien sûr que le père Froin, quoi qu’il ait pu affirmer, se sera bien gardé de parler de l’attentat dans sa dernière lettre, je feins de me rappeler tout à coup que «… parbleu ! au fait ! » mon frère, lui aussi, connaît le pays où l’on m’a encagé… Plus sociable que moi il aura, « n’est-ce pas, Julien ? » fréquenté beaucoup plus de gens. Les Roffieux, du reste, voyaient « pas mal de monde ». Les mauvais