Page:Nau - Force ennemie.djvu/285

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sont réunies dans un salon et que l’on annonce une nouvelle visite, celle de ces personnes qui est arrivée la première doit se retirer sans affectation mais avec stoïcisme. » C’est fort bien pensé : c’est une ingénieuse petite loi contre les encombrements. — Mais comme, par malheur, j’ai la tête à l’envers, je traduis : « Lorsqu’un échappé d’asile d’aliénés se trouvera chez des amis et verra entrer chez ces amis un Monsieur inattendu, ledit aliéné aura soin de ne pas bouger, par crainte de paraître dire comme Mme  Jagre : « On est déjà assez de mufles comme cela ! » et n’oubliera pas que la dernière personne apparue a le strict devoir de filer la première.

Sans cela il donnerait à comprendre, cet aliéné, que l’intrusion du gentleman l’a embêté profondément. Et je reste, je reste, indéracinable, — prodiguant avec une largesse asiatique les plus navrants échantillons de mon avantageuse imbécillité. J’en souffre d’autant plus que le nouvel hôte est gentil et spirituel… Mais pourquoi ne s’en va-t-il pas ? Je ne puis pourtant pas avoir l’air de lui donner une leçon !… Cela dure si longtemps que je me rappelle les douleurs céphalalgiques de Mme  Nélix et vais, — par pitié, — me montrer impoli en levant le siège malgré tous mes bons principes, — quand le tenace visiteur quitte lui-même sa chaise et me dit, après avoir jeté un coup d’œil du côté de la pendule :

— Monsieur, veuillez m’excuser mais il se fait