Page:Nau - Force ennemie.djvu/294

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— Vous ne trouvez pas qu’il y a par ici un bien fâcheux courant d’air ? fait Magne.

— Oui, nous allons être… blim bloum !… mieux, là-bas, derrière la… mécanique, le… paravent.

Ils se réinstallent à une belle distance de moi pour se relever tout de suite, en quête d’une autre place. Le paravent ne les masque pas ! Ils répètent leur petit manège deux fois encore, guignant toujours de mon côté avec effroi. Je le proclame à basse et peu intelligible voix : ces gens-là ne sont pas guéris ! Je suis plus sain qu’eux !

— Turlututu ! chantonne Kmôhoûn, il n’y a que moi de raisonnable, — en toi !

Mais les nouveaux Hanlon-Lee ont enfin découvert une position géographique à leur convenance. Le comptoir et la grosse dame qui occupe ce monument chargé d’huiliers et de bouteilles d’eau minérale les abritent contre tous les regards indiscrets.

J’allume une nouvelle cigarette, paye mon addition et me prépare à sortir, pour rassurer les deux compères et les laisser déjeuner à leur aise. Mais Kmôhoûn ne l’entend pas ainsi ; pendant que je m’imagine faire route vers la porte, le Tkoukrien donne un coup de barre et met résolument le cap sur le comptoir. Sans m’en douter, je vais droit aux deux « philosophes » dont les visages revêtent la plus touchante expression d’angoisse.

Je veux encore feindre de ne pas les voir mais