Page:Nau - Force ennemie.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

actuellement « sous un nuage » comme disent les compatriotes de mes défunts amis Richard-Cœur-de-Lion, porte-couronne, et Jerry Nastyswine, bookmaker. Il est « malade » et le sait. Malheureusement il veut à toute force que nous quatre, — victimes d’erreurs ou de machinations familiales, — soyons dans le même état que lui. Comme c’est l’être le meilleur et le plus noble du monde entier, nous jouons une pieuse comédie pour ne pas l’affliger ; mais vous saurez désormais que lui seul, dans ce petit groupe de cinq compagnons de misère, est réellement un peu frappé de ce que je me refuse à nommer et vous le ménagerez en conséquence, n’est-ce pas ? Si vous avez, ami, quelque observation à faire sur son compte, prenez-moi à part et transmettez-la-moi, à moi, monsieur A. Desbosquets, artiste dramatique, créateur, — comme vous ne pouvez l’ignorer, — du rôle de Cusenier dans les « Dangers de la distillation », ce beau drame du grand poète Noilly-Prat.

Ayant mis ainsi sa conscience en repos, M. A. Desbosquets oublie complètement ma présence et va causer avec Léonard qui est demeuré près de la porte. Il lui reproche, pêle-mêle, sa mâchoire, son accent, le peu de soin qu’il prend de son « indécente moustache », son inaptitude à marcher les pieds en dehors et lui déclare, — avec douceur, — qu’il ne fera jamais un bon « jeune premier ». — Je vous crois, Desbosquets !

La suite de la conférence m’échappe car, dès