Page:Nau - Force ennemie.djvu/45

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visage rasé offre une trop grande ressemblance avec certaines têtes d’oiseaux ; il chantonne tout en courant un bizarre petit motif en mineur qu’il interrompt à chaque instant pour grogner des « pouac ! pouac ! » nasillards dont l’effet sur mes nerfs ne se peut décrire. Dirai-je que les « pouac ! pouac ! » semblent les râcler ? Ce sera complètement absurde ; et pourtant !…

— Oh ! celui-là, fait Léonard qui s’aperçoit de mon pénible agacement, faut pas vous en émotionner ! Quand il est méchant, c’est comme un éfant, rien de plus. On le couche quand ça dure trop longtemps et — voilà tout. C’est un ancien maire de village qui était riche et qui a trop nocé. Il s’en allait s’amuser dans toutes les foires et, au retour, quand il était émêché, il faisait monter des trois, quatre filles dans sa voiture. Vous me comprenez ! Des fois il débarquait c’telle-ci ou c’t’autre sans précaution, sur un tas de cailloux, par exemple. Mais il en ramenait toujours au moins deux chez lui. Et quand on se dit qu’il a été vingt ans chargé des affaires de sa commune ! Lorsqu’on y a repensé, il paraît qu’on a raconté qu’y y avait pour tout le moins cinq ans qu’y y était plus. Mais on était habitué à lui et « des gens » avaient intérêt à le garder comme maire. Ça fait qu’alors !… Ah ! le sacré père Marical ! Et c’était çà qui mariait le monde ! Ça fait grémir !… C’est un à part comme vous ; dans le même pavillon ; votre voisin de chambre.