Page:Nau - Force ennemie.djvu/56

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C’est plus vulgaire et surtout plus exaspérant, parce que ça dure généralement longtemps, une femme légitime ! Cela vaut une éternelle poignée de poil à gratter dans des draps de grosse toile parfumés à la lavande, un breuvage à l’ipécacuanha qui vous démolirait un peu plus tous les jours sans vous achever, une série de morsures de fortes punaises et de fourmis rouges, une grosse de clous faiblement empoisonnés, continuellement posés la pointe en l’air sous Monsieur votre derrière !….. Ah ! jolie invention que le mariage ! Tenez, moi, j’étais dans les Ponts-et-Chaussées ; j’aimais les Chaussées ! J’aurais voulu inventer des rouleaux en velours pour les égaliser et je rêvais de les bourrer de nougat en guise de cailloux ! J’adorais les Ponts ! Au point de festonner leurs tabliers, si j’avais pu ! Mais pas de plaisanteries tintamarresques, alors qu’il s’agit de choses graves ; j’étais donc un employé modèle ! Eh bien ! mon atroce femme m’a si vilainement persécuté, m’a si bien fait prendre tout en dégoût qu’il fallait se mettre à quatre — et de forts gaillards ! — pour m’extraire des caboulots mal fréquentés où je mangeais mon bien aux dominos et où j’ai fini par me soûler à l’heure et à la journée. Je suis un homme dévoyé bien que voyer ! (Oh ! oh ! bon, celui-là !) — Je ne puis plus voir un tas de cailloux, même en peinture et si mes frères, les pochards errants, comptent sur les arches des ponts auxquels j’aurai collaboré, — pour trouver un abri nocturne après les héroïques absorptions diurnes,