Page:Nau - Force ennemie.djvu/79

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mais dans quel état serai-je demain ou dans huit jours ? J’ai été joli, paraît-il, ces temps-ci ! Combien je me réjouis de me trouver dans un établissement aussi « mal tenu » que celui du trop bon Dr Froin ! Ailleurs je n’aurais jamais pu rencontrer la consolation que m’offrira, de temps à autre, la vue d’une femme aussi belle.

Je reviens sur mes pas, mais déjà la ravissante « malade » à la chevelure hindoue, aux splendides yeux de nuit tropicale, m’a parlé :

— Ne restez donc pas là-bas, monsieur Veuly, puisque l’on tient à vous nommer monsieur Veuly. C’est une convention, n’est-ce pas ? Venez donc plus près. Vous êtes ici sous un déguisement, n’est-il pas vrai ?… Pour délivrer une captive… moi, peut-être ? Je vous connais. C’est pour cela que j’ai envoyé Léonard me chercher mon miroir dont je n’ai nul besoin. N’avez-vous pas ordinairement une cuirasse d’or un peu bleui, un cheval de flamme, qui vole, des éperons pareils à deux éclairs et une épée qui est un rayon de soleil ? Vous vous plaisez dans les « Niebelungen  » quand vous ne préférez pas hanter la « Jérusalem délivrée » ou le « Roland furieux ». — Je sais également que vous avez pensé aux femmes de Baudelaire quand vous m’avez aperçue et aussi à la fée Pari-Bânou, à Shahrazade et à Nour-Mâhal qui a son Tadj dans la ville d’Agrah où sont les paons de pierreries vivantes, plus beaux que ceux de Delhi qui n’étaient qu’un précieux travail d’orfèvre, dans la ville d’Agrah où les roses