Page:Nau - Force ennemie.djvu/87

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énormes ; deux seulement, au centre, l’une à côté de l’autre, sont ouvertes derrière les grillages ; les autres sont armées de volets métalliques. Nous nous approchons des deux baies centrales qui trouent de noir la muraille comme des entrées de cavernes mal dissimulées par des troncs d’arbres grêles.

Quelque chose grouille dans l’obscurité ; nous entendons des rires affreux et des grondements et deux êtres vivants épouvantables, — que l’on prendrait. — si l’on ne savait !… — pour de très grands et hideux quadrumanes vêtus, — font leur apparition derrière les grilles. Ils sont attifés de lambeaux d’étoffes dans lesquels il est fort difficile de reconnaître des fragments de vestes, de gilets, de pantalons, de chemises ; tout cela est de la même couleur, d’un jaune sale.

L’un a un front triangulaire, des pommettes écartées l’une de l’autre — et saillantes ! — et pointues ! — et un menton aigu comme un fer de toupie qui lui dessinent une face en losange. L’autre possède une tête toute ronde, monstrueuse, pareille à un gros fromage de Hollande : tous deux feraient la joie d’Odilon Redon.

Le premier est coiffé d’une espèce d’…ancien tyrolien (?) dont les bords déchiquetés n’ont plus trois centimètres de large ; le second d’un chapeau de paille semblable à une tabatière ouverte dont le couvercle retomberait. L’agité de droite ricane d’un rire féroce qui découvre des chicots de nougat verdi, l’agité de gauche écume de rage. Le rieur